Le chef de l’État réitère que le dossier Marc Ravalomanana est discuté dans le cadre de la réconciliation nationale. Mais il a déclaré que toute chose a ses limites.
Hery Rajaonarimampianina résiste à la pression. Le chef de l’État n’est pas près de céder à la revendication du clan Ravalomanana consistant, entre autres, à lever la mise en résidence surveillée de ce dernier.
Interrogé sur le sujet en marge de l’inauguration de l’école primaire d’Iavoloha nouvellement réhabilitée hier, le Président a réitéré que le cas de l’ancien Président est discuté dans le cadre du processus de réconciliation nationale. Le Président semble même avoir montré des premiers signes d’agacement face à l’insistance du fondateur de Tiko.
« La personne que vous avez citée est toujours en résidence surveillée. Grâce à la réconciliation nationale, il bénéficie de beaucoup d’assouplissements de sa situation, mais toute chose a ses limites », a déclaré Hery Rajaonarimampianina.
Marc Ravalomanana et ses partisans se sont beaucoup mobilisés cette semaine pour faire pression sur le régime, afin d’obtenir « une liberté » de mouvement totale. Ils ont profité du « buzz » créé par l’interdiction de réunion politique dont avait fait l’objet l’ancien chef d’État à Antsirabe ce weekend et avait qualifié cette initiative d’« atteinte au processus de réconciliation ».
L’ancien exilé d’Afrique du Sud avait, par la suite, décidé de mettre dans la balance son implication dans le processus de réconciliation nationale et annoncé la suspension de sa participation au processus pour une durée indéterminée. Depuis, les émissaires de Marc Ravalomanana ne participent plus aux réunions de préparation de l’assise nationale prévue à la fin de ce mois.
Équité et reconnaissance
« Nous avons déjà décidé de mettre en suspens notre participation jusqu’à ce que nous soyons éclairés sur le sens réel donné à la réconciliation », a déclaré Ihanta Randriamandrato, qui fait partie des équipes techniques de Marc Ravalomanana dans le processus. L’adoption d’un décret mettant fin à la mise en résidence surveillée serait une des conditions posées pour leur retour au processus.
Lors de la réunion avec le groupe international de soutien pour Madagascar (GIS-M), Roland Ravatomanga, un des proches de l’ancien Président et membre du gouvernement Ravelonarivo, n’avait pas non plus manqué de mettre dans la balance la tenue de l’élection communale pour accentuer la pression et arguait de « l’équité » et de « la reconnaissance du scrutin pour tous ».
La déclaration de Hery Rajaonarimampianina hier était donc une réponse du berger à la bergère. En clair, malgré la pression, il n’est pas encore question de « libérer » définitivement Marc Ravalomanana.
À l’entendre, le retour au processus de réconciliation nationale constitue la seule voie si l’on veut arriver un jour à ce stade. « Et à mon avis, il n’est pas contre cette réconciliation nationale », souligne Hery Rajaonari-mampianina, tendant sans doute la perche à son prédécesseur.
Face à ce rebondissement, le clan Ravalomanana n’a pas, pour l’instant, fait de réaction. Joint au téléphone hier, le député Guy Rivo Randrianarisoa a déclaré que son équipe devait encore se concerter.
Mais la marge de manœuvre risque d’être faible car d’autres enjeux, comme son dossier judiciaire, sont également liés à la réconciliation nationale. De l’autre côté, le temps presse également pour l’ancien Président et son équipe, qui doivent prendre position par rapport aux élections communales.
Mahefa Rakotomalala